Suite
à l’invasion et au développement de l’Islam en Iran, l’Art
imaginaire a subi des transformations fondamentales. Représenter le
corps de l’Homme par l’artiste peintre ou le sculpteur suscite
l’interdiction et la punition. Les artistes sont donc obligés de
réaliser des œuvres figuratives du corps de l’Homme avec une
image déformée.
Ces
images déformées vont parfois jusqu’à un abstrait total, en
créant dans l’esprit de l’ observateur diverses interprétations
imaginaires.
La plupart des peintres présentent l’image née de
leur âme dans les fragments des formes et/ou, en un ensemble
parfait. Nous sommes donc témoins des chefs-d’œuvre à travers
les différentes époques, et nous pouvons citer l’ensemble des
images présentes dans les livres de poésies de Ferdowsi, Khayyâm
et Hafez.
Dans l’histoire de l’art en Iran, ces images sont inscrites dans une période après l’implantation de l’Islam.
Mon
rêve depuis toujours est de représenter les formes et le style de
l’art iranien dans le respect de son passé historique, accompagnés
sans déformation d’un corps entièrement figuratif (exemple :
calligraphie juxtaposée à des formes abstraites).
Le
dynamisme de la forme de ce corps dénudé rappelle la vie,
l’euphorie et le mouvement ; danse de multiples formes dans la
sérénité d’un corps dévoilé qui oriente le regard dans
l’instant et le souffle à l’infini.
Dans la détresse et l’enfermement d’un cadre, les formes condensées du passé (calligraphies) rétrécissent le champ de la liberté du corps dénudé. Celles-ci, de temps à autre et avec une tension obstinée, neutralisent la vie, l’énergie et le mouvement qui sont à la recherche de la figure dans son aspect sans limite, et qui condamnent ainsi ce corps dans un silence figé.
Cette
contrainte du silence stagnant se désigne même dans la forme
conventionnelle. J’ai essayé avec tant d’efforts d’expérimenter
ce rêve qu’est ma réalité.
Dans
mes expérimentations, j’ai dissimulé cette nudité derrière un
rideau de rubans en nuancé de gris clair. Sur ces rubans gris, nous
observons des fils de diverses couleurs qui représentent les
filaments du tapis. Ces derniers, avec ses nœuds de couleurs
différentes, symbolisent la souffrance, l’amour et la
vie.
Peut-être que ce style, qui représente un corps en toute
nudité derrière des rubans gris, prend sa source dans
l’inconsciente pudeur de l’Orient …
Cette
pudeur orientale est d’ailleurs créatrice de ces tracés de rubans
qui cachent le corps aux regards. Elle n’est ni la main, ni la
pensée, ni l’âme de l’artiste, bien que cette rivière de
pudeur s’écoule à l’infini dans son être ; mais peut-être
est-ce l’influence du temps ?
Sans
doute que ces rubans offerts à ces corps dénudés et afin de les
rendre invisibles, est un désir pour rendre les Hommes
solitaires.
C’est d’ailleurs possible que ces images soient le
combat même entre le rêve et la réalité (idéalisme et
matérialisme) dans l’intention de perdurer à l’infini…
Ainsi,
la mise en scène des lettres calligraphiées et du corps dénudé,
accompagnée de mon regard sur ce combat et le désir continuel à
travers les siècles, m’a orienté vers ces compositions propres à
mes pensées.
Le
20 décembre
2012
PAYA
100 x 80